Manque de confiance, erreurs, relation avec McLaren… Comment Oscar Piastri s’est-il effondré dans la course au titre ?

Au cours des cinq derniers Grand Prix, Oscar Piastri est passé de 34 points d’avance à 1 point de retard sur Lando Norris au championnat du monde des pilotes.

Dès vendredi, les moteurs rugiront sur le tracé d’Interlagos. À quatre Grands Prix du terme de la saison, la lutte en tête du championnat du monde des pilotes est plus serrée que jamais. Au Mexique, Lando Norris a pris les commandes pour un petit point devant son coéquipier Oscar Piastri, en grande difficulté depuis plusieurs courses. Un événement puisque l’Australien était leader du championnat depuis le Grand Prix d’Arabie saoudite en avril 2025. Oscar Piastri a en effet longtemps dominé son coéquipier. Après l’épreuve de Zandvoort, il avait même fait un grand pas vers le titre, profitant de l’abandon de Lando Norris pour porter son avance à 34 points. Mais depuis le début du mois de septembre, Oscar Piastri a presque tout perdu. En seulement 5 Grands Prix. Décryptage.

« J’ai vraiment souffert »

À l’arrivée du Grand Prix du Mexique, c’est un Oscar Piastri déçu mais réaliste qui se présente pour répondre aux questions des médias. « J’ai fait de mon mieux », explique-t-il dans la plus grande des sincérités. Parce qu’en course, il n’y arrive tout simplement plus : depuis la fin de la trêve internationale, il est en cruel manque de confiance au volant de sa McLaren et n’a aucun rythme.

« Perdre la tête du championnat ne va pas forcément m’aider en termes de pression durant les prochaines courses. La chose la plus importante pour l’instant, c’est d’essayer de retrouver mon rythme. C’est ce que je n’ai pas réussi à faire sur les derniers week-ends, j’ai vraiment souffert. Si on revient dans ce rythme, alors on pourra aller de l’avant », a-t-il expliqué à l’issue de la course dans les rues de Mexico City.

Une performance défaillante aussi liée à sa McLaren, qu’il a de plus en plus de mal à piloter. Et les derniers Grand Prix ont mis en lumière cette difficulté. Oscar Piastri a bâti son style de pilotage en particulier sur la bonne adhérence de la piste et la mise en température rapide de ses pneumatiques. Des conditions qui lui permettent de freiner tard, d’avoir une bonne rotation dans les virages à forts angles et de garder un train arrière stable dans les courbes rapides. À Austin, l’Australien a été mis en difficulté par un tracé bosselé. Et à Mexico, il s’est confronté à la haute altitude et à la faible adhérence de la piste. Autant de caractéristiques qui ont bouleversé sa manière de piloter, expliquant les mauvais résultats. Sans pour autant éclipser sa responsabilité.

Le tournant de l’Azerbaïdjan ?

La dynamique d’Oscar Piastri a aussi été entravée à Baku, et de manière brutale. En arrivant en Azerbaïdjan, l’Australien a 31 points d’avance au championnat. Et si à la fin du week-end, il en concède seulement 6 à son coéquipier, la catastrophe est ailleurs. Un accident en troisième partie des qualifications, un faux départ à l’extinction des feux et un accident dans le premier tour en placardant sa McLaren dans le mur. Un week-end proche de la catastrophe, mettant en scène une tragédie en trois actes.

« J’ai trop anticipé le départ, simplement une erreur. Et ensuite je n’avais pas prévu l’air sale dans le virage. L’adhérence était faible, j’aurais dû le savoir. Je ne rejette certainement pas la faute sur quelqu’un d’autre que moi-même, je n’ai tout simplement pas pris les décisions qui s’imposaient au bon moment, et c’est évidemment décevant », avait-il expliqué à l’issue de son Grand Prix écourté.

Piastri délaissé par McLaren, vraiment ?

Les fameuses « Papaya rules. » Ces règles internes entre pilotes McLaren, établies en 2024 et imposant un respect mutuel en course, bannissant notamment tout accrochage entre les pilotes. Une manière de garantir l’équité sportive sur la piste entre Norris et Piastri. Mais à trop vouloir chercher l’équité entre ses pilotes, McLaren a peut-être plombé Oscar Piastri. Lors du Grand Prix d’Italie, l’équipe s’est retrouvée prise à son propre piège. Petite remise en situation. Pendant la course, Lando Norris, alors deuxième, décide de s’arrêter après Oscar Piastri, lui troisième. Un choix plutôt classique. Sauf que le Britannique perd sa deuxième position au profit de son coéquipier, après un arrêt raté. L’équipe demande alors à Oscar Piastri de relaisser passer Lando Norris afin de retrouver les positions d’origines. Si McLaren s’est défendu en rappelant l’événement similaire du Grand Prix de Hongrie 2024, quand Norris avait redonné la position à Piastri, cette situation à Singapour conduit à un « précédent très difficile à effacer », selon Toto Wolff, directeur de Mercedes.

Ces règles n’empêchent pas non plus les accrochages, comme celui à Austin. Au départ de la course sprint, Piastri a malencontreusement harponné Norris après une tentative de dépassement. Les deux pilotes ont dû abandonner. À Singapour, le week-end juste avant, Norris n’a pas hésité à jouer des coudes avec Piastri au départ, risquant même de l’envoyer contre le mur. L’Australien avait d’ailleurs coupé sa radio à l’arrivée de la course, énervé par la tournure des événements et remonté contre son écurie, qui n’avait pas pris son parti pendant la course.

Durant le week-end à Singapour, ce n’est pas la seule fois où Oscar Piastri a pu se sentir délaissé par les siens. McLaren a célébré l’obtention de son titre constructeur avec Norris, sans Piastri, alors en pleine séance médiatique. Un malaise qui a remis une fois de plus sur la table les théories concernant le statut privilégié de Lando Norris au sein de l’écurie. Et sans rentrer dans une quelconque forme de complotisme concernant ce sujet futile, il est certain que cet épisode a affecté Oscar Piastri, témoin à distance d’une célébration qui était aussi la sienne, en tant que leader du championnat du monde.

Si les performances de l’Australien ont chuté subitement, ce n’est peut-être pas uniquement lié à sa performance intrinsèque en piste, bien qu’en difficulté. La dégringolade qu’il connaît actuellement souligne une nouvelle fois l’importance de l’aspect psychologique dans l’obtention d’un championnat du monde. Au Brésil, Oscar Piastri va devoir se remobiliser comme il ne l’a encore jamais fait, et prouver que les difficultés rencontrées ne lui ont pas assené un coup fatal.

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