Ferrari, une passion érigée en culte ?

En 2025, Lewis Hamilton arrive chez Ferrari. Un transfert choc qui a généré une vénération sans égal des supporters italiens. Un phénomène presque religieux mais pas nouveau. Dans les hauts-lieux de Ferrari, la dévotion pour l’écurie est incomparable. Le Cheval Cabré continue d’unir, et ses adorateurs continuent de le prier. Au-delà de la passion.

« Je savais déjà à quel point la famille Ferrari est passionnée. Le vivre de l’intérieur en tant que pilote Ferrari est une expérience absolument fascinante. Cette passion coule dans leurs veines, et il est impossible de ne pas être transporté ». Les mots de Lewis Hamilton après ses premiers tours de piste dans une Ferrari ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Ou plutôt de sourds. Parce que c’est l’Italie entière qui attendait ce moment. Comme les catholiques attendent la fumée blanche de la Basilique Saint-Pierre. Une icône est arrivée. Le Cheval Cabré n’a jamais été aussi adoré.

Une histoire sacrée suivie par des milliers de fidèles

Suivre la Scuderia Ferrari en Formule 1, « c’est une tradition » explique Matteo, serveur dans le restaurant Cavallino, situé en face de l’entrée historique de l’usine Ferrari à Maranello. « Le dimanche, tout le monde regarde le Grand Prix de Formule 1 ». Depuis près de 100 ans, les Italiens se rassemblent désormais autour des circuits pour bénir une seule équipe, Ferrari.

Une histoire vieille de la Première Guerre mondiale, lorsque le pilote de chasse italien Francesco Baracca peint un cheval cabré sur son avion. En 1923, ses parents conseillent à Enzo Ferrari d’utiliser ce symbole sur ses voitures pour lui porter chance. « Il Commendatore » accepte et change le fond du logo avec la couleur jaune de Modène, sa ville natale. Une histoire christique et intemporelle s’écrit alors entre Enzo Ferrari et le Cavallino Rampante, le fameux Cheval Cabré.

Modène, Maranello et Monza, trois sanctuaires rouges

Sur les terres de son ancienne maison, et de l’atelier de son fils Alfredo à Modène, se dresse désormais le musée portant le nom d’Enzo Ferrari. C’est ici que tout commence, et c’est un premier lieu symbolique pour tous les passionnés. À Modène, « il y a une volonté de protéger l’industrie italienne depuis toujours », explique Guillaume Nédélec, chef des sports Sarthe chez Ouest-France. « Le fait que les Ferrari soient de vraies voitures italiennes est une force ».

Après Modène, la marque au cheval cabré s’est déplacée à Maranello pour ne plus la quitter. Le fief de Ferrari accueille aujourd’hui les usines de productions, les bâtiments de gestion sportive ou encore la piste d’essai de Fiorano. Guillaume Nédélec insiste d’ailleurs sur ce lieu caractérisé par « une fierté, une image d’appartenance, qui est en fait très forte ». Une deuxième étape évidemment obligatoire dans une « ville qui vit à l’heure de Ferrari » selon Lionel Froissart, auteur et journaliste spécialisé en sport automobile.

Il y a aussi Monza, avec son Autodromo Nazionale, surnommé le « Temple de la vitesse ». C’est simple, « quand Ferrari gagne à Monza, c’est l’Italie qui gagne », affirme le guide de la visite du circuit. C’est le lieu où les plus fidèles supporters rouges se retrouvent pour démontrer leur amour à Ferrari. En 2024, les Tifosi ont célébré la victoire à domicile de leur prophète Charles Leclerc, surnommé « Il Predestinato » par Carlo Vanzini, commentateur pour Sky Sports Italia. Un terme d’accoutumé religieux, mais qui s’explique par une frontière toujours très fine entre passion et religion.

Ferrari, une religion importante en Italie

Tout comme le catholicisme, Ferrari repose sur une foi inconditionnelle de ses passionnés, prêts à vénérer chaque voiture comme une relique sacrée. De la même manière qu’ils ont des valeurs en commun : l’amour, la dévotion, la famille. Ferrari transcende l’histoire tout comme la religion catholique. « C’est un art de vivre, c’est une religion. C’est même probablement la première en Italie », affirme Guillaume Nédélec. Laurent Dupin, rédacteur en chef F1 sur Canal+, raconte l’un des rituels sacrés de Maranello. « Le curé sonne les cloches à chaque victoire de Ferrari ». Ce rituel fait partie intégrante du mythe qui lie Ferrari et la religion.

Un mythe qui s’entretient également dans la foi démontrée par les Tifosi. « Il suffit de voir Monza. Dès qu’une Ferrari prend la piste, les spectateurs sont fous », souligne Lionel Froissart. « Ce ne sont pas uniquement les pilotes Ferrari qui comptent, c’est seulement Ferrari. Les Italiens et les Tifosi supportent la marque, ce que représente cette écurie », rappelle l’ancien journaliste de Libération. « C’est véritablement sacré, mais c’est dur à comprendre à l’étranger ». Si ce mythe reste impossible à comprendre en dehors de l’Italie, le prestige de Ferrari est reconnu dans le monde entier. Enzo Ferrari le certifie. « Si vous demandez à un enfant de dessiner une voiture de course, il la fera rouge ». C’est aussi simple que ça. C’est simplement Ferrari.

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