L’entrée historique de l’usine Ferrari à Maranello (Crédit : Victor Andrès)
M.D : C’est le fil rouge de notre enquête alors, Ferrari est-elle la deuxième religion d’Italie ?
E.B : Oui, je le crois. Si ce n’est que j’aurais envie de préciser que c’est une religion païenne. Le culte est absolu, mais chez Ferrari, on peut brûler ses idoles, ce qu’on ne permet pas dans la religion. En Italie, si on adore la Vierge ou Jésus-Christ, on n’ira jamais leur cracher dessus ou s’attaquer à leur image. Chez Ferrari, l’amour, il est aussi versatile. Mais Ferrari est une religion.
Comment expliquer cette piété des Italiens ?
Il y a quelque chose d’unique dans l’histoire de Ferrari. Ferrari a toujours été présente dans différents types de compétitions. Avec Ferrari, c’est la belle et la bête. Les Ferrari sont de très belles voitures et en même temps, ce sont des bêtes de compétition, des voitures à la fois douces et brutales. Il y a à la fois l’esthétisme et le savoir-faire. Il y a quelque chose d’indomptable de toute façon, comme ce cheval cabré.
Y a-t-il des valeurs communes entre Ferrari et la religion catholique ?
La dévotion, l’amour, la communion, la grand-messe du dimanche. Une forme de bonté aussi parce que les Tifosi sont des supporters joyeux, dans l’amour de l’autre. C’est une forme de religiosité douce. On n’est pas dans la comparaison qu’on pourrait faire aujourd’hui avec certaines religions où il y a une volonté de domination, de suprématie.
Pensez-vous que Maranello est comme une ville sainte ?
Maranello, c’est le Vatican du sport automobile. C’est le Vatican de l’Italie automobile. On a le curé qui sonne les cloches à chaque fois que Ferrari remporte une course. C’est vraiment le lien direct avec la religion catholique. On ne s’attaquera pas au Vatican, on ne s’attaquera pas à Maranello, on ne s’attaquera pas aux lieux du symbole de Ferrari.
En quoi Ferrari est capitale dans le cœur des Italiens ?
Si demain Ferrari se met dans la tête de faire du MotoGP, les Tifosi seraient derrière Ferrari alors que Ducati ne génère pas cet engouement. Pourtant, c’est une marque italienne, ils sont en rouge. Mais ce n’est pas Ferrari. Si les motos Ducati étaient des Ferrari, je pense qu’on aurait le même type de folie autour d’une équipe de Moto GP.
Comment est la dévotion sur les circuits ?
C’est quelque chose de spécial, on retrouve ça à Monza. On peut retrouver cela aussi pour les supporters de Max Verstappen. C’est très proche de la philosophie Ferrari, mais ce n’est pas de l’amour religieux. C’est l’amour kermesse, on va festoyer. Ferrari reste plus profond.
Avez-vous une anecdote sur un circuit ?
Quand Charles Leclerc gagne à Monza en 2024, j’étais au milieu de la foule. Il y a un supporter juste en dessous du podium qui m’a tendu un petit pendentif, un truc de pacotille. Je lui dis que je n’ai pas de raison d’accepter. Mais ça lui faisait plaisir. Il y avait quelque chose d’assez touchant et symbolique.
En quoi l’arrivée de Lewis Hamilton va faire évoluer l’amour autour de Ferrari ?
Il y aura une influence en dehors des frontières de la famille Ferrari. Ça va concerner toute la diaspora italienne disséminée dans le monde. Ils vont distiller l’élixir de bonheur que Ferrari peut générer, à des supporters de Lewis Hamilton aussi. Des supporters d’Hamilton qui, d’un seul coup, vont trouver qu’il y a une dimension mystique et mythique à l’idée de supporter Ferrari.


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