À l’origine une cité ouvrière, Maranello s’est développée autour de Ferrari, à l’image des commerces et cafés aux couleurs de la marque. (Crédit : Marius Druart)
Maranello, c’est la ville sacrée. Tout respire Ferrari. La passion pour le Cheval Cabré transcende l’intégralité de la ville. Des cafés aux enseignes rouge et jaune, qui débordent de souvenirs et de trésors, aux rues baptisées en l’honneur des légendes de la Scuderia Ferrari. Maranello, c’est un pèlerinage quotidien, où les habitants et visiteurs se rapprochent de cette divinité automobile. Même les restaurants incarnent cette dévotion. Chaque pizza porte le nom d’un pilote mythique. Dans l’Officina Della Pizza, la « Charles Leclerc » est la pizza la plus vendue. Attention, elle n’a pas le goût de vitesse ni de victoire, mais bien d’une goûteuse bolognaise préparée maison. La ville est imprégnée de cette vénération : les ronds-points sont ornés des symboles sacrés et les drapeaux rouges flottent devant les maisons ou sur les balcons. La victoire se célèbre tous les jours à Maranello.
Un village dans le village
Le cœur de la ville bat au rythme de l’usine Ferrari. Ce lieu emblématique est bien plus qu’un simple site industriel : c’est un village dans le village. Avec sa célèbre arche rouge ornée du « Ferrari » jaune et ses bâtiments modernes, le quartier général est un sanctuaire. Derrière les murs de verre et d’acier, des milliers d’ingénieurs et d’artisans, tous vêtus de rouge, s’occupent de leurs tâches en harmonie. Les ateliers d’assemblage, la soufflerie ultra-moderne et le laboratoire de customisation sont des temples de haute précision. La firme italienne doit rester à la pointe de l’automobile. « La meilleure Ferrari jamais construite est la prochaine », a dit Enzo Ferrari. Parole de fondateur.
L’accès à l’usine est strictement réglementé. Pour les privilégiés qui montent à bord du bus touristique, la visite est envoûtante. À travers les vitres, les visiteurs de différentes nationalités tentent d’apercevoir l’atelier moteur. Les photographies sont interdites, renforçant l’aura de mystère qui entoure la marque. Tout à coup, un groupe de visiteurs pousse un cri d’émerveillement. Des Ferrari flamboyantes s’alignent et s’offrent à leur regard, comme une révélation. Certains restent bouche bée, d’autres murmurent avec vénération les noms de voitures mythiques.
L’autel de Ferrari
À cinq minutes à pied de l’usine, se dresse le musée Ferrari. Des premières voitures modernes aux icônes intemporelles, chaque modèle raconte une histoire. Les pèlerins en voyage frissonnent dans un silence solennel devant des légendes comme la F40, la GTO et la F50. Des reliques intouchables. Elles suscitent autant d’admiration que de frustration, chacun rêvant de les caresser. Puis, le souffle se coupe petit à petit. En arrivant dans la fameuse « Salle des Victoires », les Tifosi ressentent le poids de 96 ans d’histoire. Il fait plus froid qu’ailleurs, le corps tremble d’excitation. La gorge se noue, le ventre se serre, les yeux s’embrument de larmes. C’est un autel. Celui de Ferrari. Des centaines de trophées et huit Formule 1 témoignent d’un palmarès exceptionnel. À Maranello, ce n’est pas l’église qui se trouve au centre du village. C’est ce musée, et toute l’histoire de la marque au cheval cabré. Maranello ne se contente pas de célébrer Ferrari. Elle la sacralise.


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